(et très fragile et violent…)
aujourd’hui, chronique plus ou moins rapide pour les Derniers jours d’un monde oublié par Chris Vuklisevic, publié chez folio sf suite à un concours pour fêter leur vingtième anniv.
pour reprendre vite fait l’histoire: suite à une catastrophe d’ampleur apocalyptique il y a de cela trois cent ans, trois peuples, deux constitués d’indigènes et le dernier de réfugiè.es, sont forcés tant et si bien de cohabiter sur une île isolée du reste du monde et perdue au milieu de l’océan, île répondant au nom de sheltel (dont la ressemblance avec shelter, “abri” en anglais, ne peut être une coïncidence, vu le sujet du livre) mais également de suivre une hiérarchie et un mode de vie strict.es pour de soi disant raisons de survie et de maintien de l’équilibre des ressources au sein de l’île. sauf que le reste du monde débarque littéralement au milieu de cet équilibre branlant sous la forme d’un bateau de pirates. (ce qui fout le souk partout, bien entendu!)
on y suit tour à tour les points de vue de deux puissant.es de l’île, à savoir 1) arthur, un vieillard fourbe qui cumule les rôles: feutier, commerçant, juge des talents et conseiller à la cour de la bénie, et 2) la main, aka nawomi: une sorcière chargée grosso modo du rôle de la mort et de la vie, afin d’équilibrer et de réguler la population, et enfin le point de vue d’une pirate étrangère, fille adoptive de la capitaine du vaisseau qui débarque, rêvant d’une vie plus tranquille sur la terre ferme…
sur le plan narratif à strictement parler, on a là un retelling plutôt original du mythe de l’atlantide (on notera en possible référence à ce dernier la présence dans l’histoire d’humain.es-lézards qui, s’iels ne sont pas tué.es à la naissance si issu.es de copulation mixte entre le peuple dit des “natif.ves” et l’un des deux autres peuples, sont mis.es au pilori en place publique à l’âge adulte, dès lors qu’iels présentent trop d’écailles sur leur corps) en mode post-apo sur un schéma assez répandu en fantasy, alternant les points de vue des persos principaux à tour de rôle, avec une touche très originale que j’ai bien aimé: l’insertion entre les chapitres de déclarations d’affiches et autres encarts publics via télégramme de la part des autorités et des extraits du journal de l’île, qui apportent des éléments du récit plus large et de fait participent au worldbuilding et à notre immersion dans l’histoire. on sent également une influence très claire d’ursala k. le guin tout du long, avec par exemple les talents trop puissants jugés dangereux dont les personnes qui les possèdent peuvent se voir emprisonné.es et mis.es au cachot toute leur vie durant dés découverte de ceux-ci, possible allusion au destin du héros de dons de le guin, dont on a mutilé les yeux afin d’empêcher que son pouvoir fasse des dégâts.
par contre, niveau thèmes et sujets abordés, c’est très axé sur les violences en tout genre: viol, inceste, travail forcé/esclavagisme d’enfants handi.es, eugénisme, validisme, torture (via privation, notamment), gaslighting, abus sexuels à répétition, mutilation, mention de démembrement, endettement à tout va ect… ça m’a vraiment pas mal sortie de l’histoire à plusieurs reprises, même si c’est certes (quelque peu) dénoncé. c’est quelque fois aussi seemingly gratuitous. avec en toile de fond de tout ça: inégalités, jeux de pouvoir, mainmise du contrôle de la population et des ressources par une minorité et règne de la peur de l’Autre.
dommage car j’aurai voulu aimer en voir plus sur le monde entourant l’histoire sinon. dommage aussi que la monarchie demeure sur l’île au final.
niveau d’emmerdement: ben, là, j’en sais rien franchement. j’ai du lire en plusieurs fois, tant j’étais éjectée… à voir.
note générale: 5 / 10
Comments
No comments yet. Be the first to react!