(ou pourquoi et comment lutter contre l’effondrement)
en cette nuitée de mi avril, ce sera au tour de “plutôt couler en beauté que flotter sans grâce” de Corinne Morel Darleux, publié chez Libertalia, essai qui a d’ailleurs été réédité avec une postface.
Corinne Morel Darleux, militante écosocialiste, nous fait part ici de ses réflexions autour de l’effondrement que nous promet la belle brochette de connards capitalistes et politiciens, sous deux angles:
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l’un philosophique, avec un fil rouge conducteur brodé principalement sur les citations de “la longue route” et d’autres notes des carnets de bord de Bernard Moitessier, un navigateur ayant refusé de parvenir et de continuer une course en solitaire et de tracer sa propre route, une partie que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire, malgré ses défauts dont je parlerai un peu plus loin. On y fait aussi allusion aux lucioles d’un certain Pasolini, qui sert à illustrer ces choses qui disparaissent à cause du capitalisme et de l’effondrement environnemental en cours.
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l’autre plus littéraire, où l’autrice aborde notamment “les racines du ciel” de Romain Gary et les différents imaginaires que convoque la notion d’effondrement avec tout ce que cela implique, à savoir: l’utopie, la dystopie, l’anticipation et la post apo, des genres apparentés à la SFF. (et qui remonte à bien avant l’existence de SFF pour l’utopie, je me dois de mentionner ici… et c’est une chose qu’on oublie bien souvent: bien qu’apparentée l’utopie peut très bien ne pas être de la SFF et révéler seulement de l’exercice de pensée! bref, sorry pour ce petit aparté)
et donc, pour en revenir à ces réflexions: l’autrice embraye dés le départ sur le refus de parvenir, une notion qui me parle pas mal (entre autre, en tant que personne handie qui a dû lâcher le lycée pour sa santé mentale et qui ne travaille pas) mais que je trouve pleine de biais car très souvent liée aux opportunités que la vie nous offre (une personne marginalisée en aura moins qu’une autre privilégiée), et donc aussi très liée aux privilèges se déclinant en différents types et auxquels on accède selon des critères arbitraires… or, l’autrice a pas mal de ces privilèges, en premier lieu en tant que nantie et habitant à paris, avec des biais qu’elle essaie tant bien que mal de prendre en compte mais échoue quelque part. bref, ça donne un aspect quelque peu paternaliste. mais elle aborde aussi la notion de la dignité du présent (se battre non par espoir d’un miracle qui ne viendra jamais mais pour la dignité du présent) et j’ai beaucoup aimé cet aspect-là des choses qui, je le sens, va nourrir mes propres réflexions pour un aspect d’une de mes histoires. cette première partie est également soupoudrée de quelques allusions à la SF.
la seconde partie se concentre quant à elle plus sur l’axe de l’imaginaire collectif convoqué par et autour de la question de l’effondrement qu’on nous promet. l’autrice évoque différents imaginaires: ceux mortifères, que peuvent revêtir d’ailleurs des récits d’anticipation, de dystopie, d’utopie et de post apo, portés dans une moindre partie par des futurologues à coup de solutionnisme techno-militaro-capitaliste… (par exemple des personnes qui voudraient que seules leurs solutions soient les bonnes, comme celles de la Red Team, là, voyez? ces mêmes qui réduisent l’écologie à la seule portée individuelle et donc individualiste) et d’autres imaginaires se battant pour la dignité du présent portés par l’écosocialisme, dont l’autrice se revendique, et l’écoféminisme entre autres qui visent principalement à enrayer ou ralentir les effets du changement en cours… avec là encore ces mêmes genres de récits mais vus par d’autres prismes et traversés par des sentiments très différents. elle y souligne donc toute l’importance et la place de ces oeuvres qui ont le pouvoir de s’opposer à ces premiers récits souvent très fatalistes et peu nuancés issus des imaginaires mortifères…
pour finir, dans la postface, on y abord l’actualité, à savoir le covid, le(s) confinement(s) et la poussée autoritaire de l’état.
en bref: quelque peu mitigée sur la première partie, même si il y a de très belles citations et une discussion intéressante autour de Moitessier, et la seconde partie aurait mérité d’être plus développée, je trouve.
niveau d’emmerdement: c’est vraiment assez court donc bon…
note générale: un petit 6,5 / 10
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