La mémoire permet de stocker des informations : elles peuvent être utiles selon les situations, pour pouvoir identifier les éléments du monde qui nous entoure, pour comprendre notre environnement, de manière assez grossière. Dans un système, elle ne fonctionne pas toujours de la même façon. Vous allez voir un exemple dans cet article avec notre vécu !
Le système dans lequel je vis existe depuis longtemps maintenant, beaucoup de membres/alters se sont aperçu-e-s que notre mémoire ne fonctionnait pas exactement comme chez les singlets (les personnes qui ne sont pas multiples). En réalité, nous avons constaté une forme de répartition de la mémoire : chaque fois qu’un-e membre/alter va fronter (prendre les commandes du corps), cette personne va stocker de la mémoire. Mais les informations dont elle se souviendra ne seront pas assimilées par les autres. Comme si le cerveau avait aussi divisé la mémoire pour chaque membre/alter. Il nous arrive alors de rencontrer parfois des soucis quand, par exemple, un-e little (un-e membre/alter jeune) utilise des outils ou des objets et qu’iel ne les range pas à la bonne place. De même, si les hôtes ont rencontré un problème lié au monde extérieur, et que les autres viennent assurer l’interaction avec le cercle amical des concerné-e-s pour ne pas inquiéter les proches (chose qui est encore à débat, mais nous verrons cela plus tard), les informations des conversations, les évènements, n’iront pas systématiquement dans les souvenirs des hôtes.
En revanche, chose assez surprenante, c’est qu’il est possible de partager des informations. On ne parvient pas à expliquer cela, mais on note comme un transfert de données d’un-e membre/alter à un-e autre (quand cela est nécessaire souvent). Ce chemin des informations se fait selon le bon vouloir de chaque membre/alter, c’est une action difficile à expliquer, mais elle est effectuée très rapidement. Elle peut se faire dans le sens inverse.
Tout cela montre également notre diversité : le caractère de chaque personne n’est pas construit de la même manière, donc les évènements que l’on vit, même en coconscience (quand plusieurs membres/alters frontent en même temps et de manière consciente) n’auront pas le même impact, pas la même signification ou la même portée selon les un-e-s et les autres. Ce qui explique pourquoi les traumas des un-e-s n’ont pas été vécu de la même façon que les autres. De même pour les troubles (PTSD et C-PTSD pour l’autre hôte) en tout genre et les maladies mentales (la dépression par exemple). Il est tout de même important de faire remarquer que même si certains troubles et traumas ne touchent qu’une personne du système, les effets physiologiques peuvent quand même se faire ressentir, et ce même si un-e autre membre/alter est en train de fronter. La mémoire traumatique ne touche pas tout le groupe, mais elle a un impact direct sur le corps parfois.
Dans ce genre de situation, la communication est importante. Des proches ne sont pas au courant qu’un système habite ce corps, et pour éviter toute difficulté, on doit s’entraider. Certain-e-s membres/alters savent bien plus de choses que ce que les hôtes ont pu apprendre. C’est lié à une compréhension du monde différente, plus rationnelle ou critique, en tout cas ce savoir est mis à la disposition des autres pour nous permettre de vivre, et parfois survivre, ensemble. La gestion de la mémoire n’est pas chose facile. Cependant, la particularité de la nôtre nous pousse à nous organiser.
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